top of page

Concept artistique

UNE BASE CLASSIQUE

 

TOFFART a naturellement suivi la tradition familiale, en apprenant le métier de menuisier. Parallèlement à cette formation, il cultive depuis son plus jeune âge une prédisposition pour le dessin. Cette aptitude innée va se développer autant dans l'expression artistique que technique. De ce fait, son art s'est forgé à une double rigueur : la pratique de l'art figuratif à travers la représentation anthropomorphique, et l'exactitude technique par une orientation vers l'architecture d'intérieur et son langage propre qu'est le plan technique tracé sur planche à dessins.  

Au début de sa carrière de plasticien, cette double culture graphique se traduit par des œuvres figuratives qualifiées d'hyperréalistes par la critique. TOFFART conteste cette affiliation. Ce premier choix créatif s'explique par l'influence de son éducation  culturelle fortement marquée par l'académisme. De ce fait, TOFFART est dès l'enfance attiré par la peinture de genre, plus particulièrement par le portrait classique. Dès ses premières œuvres, il va appliquer avec rigueur les techniques conventionnelles  de la peinture, perfectionnant son art par une formation livresque, l'observation des chefs-d'oeuvres des grands maîtres, leurs techniques que par l'expérimentation directe. De dessinateur, il se mue en peintre et passe du support papier à la toile tendue sur châssis à la fin des années 90. très vite, la toile tendue sur cadre devient trop étroite pour exprimer sa créativité. Il retourne aux sources même de la peinture à l'huile en se réappropriant les techniques utilisées par les primitifs flamands. C'est ainsi qu'il adopte la technique de la peinture sur panneaux de bois hors dimensions normalisées, puis à la toile marouflée sur panneau, afin d'ajuster la composition du sujet. Quant à la mise en peinture, TOFFART peint par glacis successifs à partir d'une esquisse faite à la mine de plomb. Ses maîtres spirituels sont Hans HOLBEIN, Philippe DE CHAMPAIGNE, Hyacinthe RIGAUD, Maurice QUENTIN DE LA TOUR, Jacques-Louis DAVID ou Jean-Dominique INGRES.

Cette première phase créatrice repose essentiellement sur un art de commandes. En fait, TOFFART se définit très tôt comme un créateur libre qui préfère choisir ses sujets selon son inspiration que d'être soumis à la tyrannie d'un modèle imposé par un client. Ce postulat lui offre la possibilité de diversifier sa production, lui permettant d'aborder toutes les thématiques dérivées de la représentation anthropomorphique, comme la scène d'histoire, le nu ou l'autoportrait. A travers cette expression figurative, l'art de TOFFART révèle surtout sa volonté quasi obsessionnelle de structurer géométriquement l'espace de la toile par une construction rigoureuse. Pour ce faire, il base ses compositions sur le nombre d'or, sur l'utilisation du report de dimensions par triangulation. Ce besoin de diviser l'espace par le trait, de structurer ses œuvres l'amène à s'affranchir du thème pour ne plus conserver que la trame géométrique et la façon de la moduler pour devenir une œuvre propre. Cette évolution conduit TOFFART vers l'art abstrait à la fin des années 10.

DE L'HYPERREALISME AU GEOMETRISME

Cette évolution artistique repose, à l'origine, sur une fascination lointaine pour les œuvres peintes par les maîtres de l'abstraction géométrique en général, plus particulièrement ceux adeptes de l'art cinétique, comme MONDRIAN, VASARELY ou Fernand LEGER, mais aussi des plasticiens comme Franck STELLA ou Sol EWITT. tous illustrent l'attrait de TOFFART pour la géométrisation rationnalisée de l'espace. La transition de l'artiste vers l'abstraction s'est opérée à la suite d'un événement anecdotique . Par un matin enneigé, TOFFART a glissé sur une des nombreuses plaques installées aux passages pour piétons. Ces plaques rectangulaires incrustées au bord des trottoirs, constituées d'une trame de têtes demi-sphériques, ont attiré son attention plus que d'ordinaire. De cette attraction fortuite pour un objet de mobilier urbain assez banal, TOFFART a créé un module élémentaire, fraction basique résumée graphiquement par un cercle dans un carré.

Cette création conceptuelle n'est pas seulement provoquée par un événement de la vie quotidienne. Elle est l'aboutissement d'une  remise en cause artistique destinée à introduire un univers jusqu'à présent inexploité. Pour ce faire, il fallait un acte créatif qui résume et synthétise une réflexion artistique originale. En effet, la création du module repose sur une constatation de l'artiste depuis longtemps acquise par l'observation : l'univers inexploité de l'infiniment petit de la nature. Malgré son invisibilité, il recèle un monde original à part entière, constitué de formes et de couleurs qui sont révélées par l'imagerie scientifique à l'échelle du microscope. De ce fait, le module répond parfaitement pour exprimer cet univers invisible fait de formes géométriques simples. Le module s'apparente à une cellule vivante, le cercle symbolisant le noyau et le carré sa membrane extérieure. A l'instar d'une brique à partir de laquelle il est possible de créer des organisme complexes, le module peut se décliner à l'infini par la variation des tailles, de l'épaisseur du trait ou de sa couleur. Il faut noter que des espaces vides animent les compositions. Symboliquement, ils s'opposent à la matière que représente le module, traduction plastique de la formule du philosophe grec DEMOCRITE : "L'univers est composé d'atomes et de vides". Les filets colorés qui serpentent entre les modules et les espaces vides sont autant de veines où circulent les fluides, l'énergie des organismes.

Mais, pour TOFFART, le module peut aussi traduire l'infiniment grand de la nature. Cette dimension a pour source d'inspiration l'imagerie géographique, avec ses clichés en vue zénithale qui révèlent la variété des paysages terrestres : structures urbaines constituées d'immeubles et de rues, paysages ruraux découpés en terroirs agricoles. La composition n'est plus l'agrandissement d'un microcosme, mais la réduction d'un macrocosme. On réduit symboliquement de vastes espaces pour en exprimer la plasticité. C'est plus particulièrement l'espace urbain qui focalise ce changement d'échelle dans l'œuvre de TOFFART. Sa principale source d'inspiration est constituée par les villes nord-américaines, bien connues pour leurs réseaux de rues dessinées en quadrillage perpendiculaire. Les pâtés d'immeubles, les buildings sont autant d'éléments propres à une ville moderne comme les organes constitutifs d'un organisme vivant. Certes, les formes architecturales varient, mais leur traduction géométrique, à la limite du glyphe, reste le même pour l'artiste : un cercle dans un carré, traduction graphique d'une construction type.

Par ses composition d'inspiration urbaine, TOFFART traduit ainsi la variété dans l'unité de l'architecture, par l'utilisation de son module, selon les mêmes déclinaisons que dans les compositions organiques (tailles, couleurs, traits), permettant d'infinies possibilités. Les inter-espaces sont devenus les rues où circulent les véhicules, comme peut l'être un fluide corporel. Les zones grisées symbolisent divers espaces non construits : places, parkings, agoras, friches industrielles. Elles contribuent à la dynamique des compositions.

Techniquement, TOFFART peint ses compositions abstraites par aplats. Il a opté pour la peinture acrylique qui s'adapte mieux à ce type de création. En effet, l'utilisation d'instruments de dessin l'oblige à travailler à plat comme MONDRIAN. Par contre, il est resté fidèle à son support de prédilection : le panneau de bois marouflé d'une toile de lin à grains fins préencollée puis enduite par ses soins. L'esquisse est toujours effectuée à la mine de plomb à mine dure. Par contre, le format des œuvres est directement dérivé du module. Elles sont carrées ou multiples du carré, ce qui constitue à la fois une contrainte et un défis créatif, puisque le concept de TOFFART suggère de relier l'infiniment petit à l'infiniment grand. La référence à la nature dans ce qu'elle exprime de basique à logiquement abouti à l'adoption d'une gamme restreinte de couleurs : les 3 primaires et les 3 secondaires auxquelles s'ajoutent le noir et le blanc. Ce parti pris chromatique restreint a suggéré d'emblée la création de séries à dominante monochrome, ponctuées par les autres couleurs afin de rythmer l'ensemble. Il en est ainsi des séries des Funnies, des Cities, des Black kissies, des Whites Countries et des Fantaisies. Les œuvres de TOFFART ne sont pas prévues pour être encadrées. L'artiste considérant ses œuvres  comme des organismes vivants qui doivent respirer avec l'espace.

Les multiples possibilités du module créé par TOFFART suggèrent de vastes variations. Les récentes compositions géométriques de l'artiste restent encore attachées à une représentation picturale conventionnelle. La peinture est encore le mode d'expression pour traduire son concept. Mais, les possibilités infinies qu'il  recèle permettent d'envisager des développement beaucoup plus audacieux qui sont déjà en cours de gestation. Ils associeront la représentation chromatique et volumétrique, la matière afin de sortir du cadre stricte de la linéarité conventionnelle. Quant aux thématiques, TOFFART dispose de multiples sources d'inspiration permettant d'exploiter son module comme un élément de base à des compositions à connotation plus symbolique, comme le suggère "the French Flag".

Charles TOFFART

Paris, le 18 juin 2017

© tous droits réservés

bottom of page